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"Car dans l'homme jamais l'espérance n'est vaine."

Victor Hugo



La crise française en chiffres...

  • 0,1% de croissance au dernier trimestre 2011
  • 0% au premier trimestre 2012

  • 1800 milliards d'euros de dette publique à la fin du premier trimestre 2012,
    soit près de 90% du PIB
  • 70 milliards d'euros de déficit du commerce extérieur en 2011

  • +0,3% : progression du chômage au premier semestre 2012
    soit 10,1% de la population active
  • -1,2% : recul du pouvoir d'achat au premier semestre 2012,
    son plus fort recul depuis 1984
  • 14,1% des femmes et 12,9% des hommes vivent, en France, sous le seuil de pauvreté
    (avec moins de 900€ par mois)

    août 2012


  • Dans ce contexte, n'est-il pas indécent d'oser exprimer des paroles d'espérance ?
    Bien au contraire : il n'y a de sens à l'impasse pour l'intelligence qu'en la naissance à la vie d'une voie nouvelle !


        
    Vision d'un avenir possible
    ...message d'espoir...
    Dans un monde qui ne semble offrir qu'un avenir quelque peu sombre, voire terrifiant (si rien ne change),
    un monde nouveau est en marche, là, sous nos yeux et nous ne le voyons que si peu...

    Puissions-nous en prendre conscience,
    nous laisser façonner de l'intérieur et transformer nos mentalités
    par la nouvelle civilisation qui veut naître au monde,
    nous évitant, je l'espère, un accouchement aux forceps...




    Vous avez dit : croissance ?...

           Le saviez-vous ?
    Le 31 octobre 2011, l’Organisation des Nations Unies a symboliquement décrété que le sept milliardième humain venait de naître. Est-il né dans un bidonville ou dans un palais ? Nous ne le saurons jamais.
    Chaque seconde, on compte 5 naissances et 2 décès sur la Terre. On estime que la population du globe atteindra les 8 milliards en 2025, 9 milliards en 2043 et 10 milliards en 2083...
           Le saviez-vous encore ?
    Si on estime à 1 milliard le nombre de personnes qui mangent trop dans le monde, près de 1 milliard d'humains souffrent actuellement de la faim et un enfant meurt toutes les six secondes à cause de la malnutrition !
    Il faut savoir aussi que si tout le monde consommait autant qu’un Français, il faudrait disposer de 2,5 Terres...
           Et pendant ce temps,
    la croissance est devenue une idole devant laquelle économistes, médias et politiques se prosternent... Nous vivons pourtant sur une planète aux ressources limitées, c'est une évidence et chacun en convient.

           Alors, réfléchissons un peu :
    Comment peut-on prôner comme seule avenir possible de notre humanité une croissance infinie sur une planète aux ressources limitées ?

           Notre système économique basé sur la croissance fait de chaque nation une entreprise compétitive en guerre économique contre les autres nations et de chaque individu un ennemi de son voisin. Précarité, exclusion, injustice sont les fruits de ce système dont les plus faibles font les frais. 20% de la population de la planète -les pays riches, dont la France- consomment 80% des ressources naturelles de la Terre.
    Voilà la réalité du monde que nous laissons à nos enfants : un modèle dominant fondé sur l'asservissement, l'épuisement accéléré des ressources vitales et la détérioration biologique de la biosphère. Pas de quoi être fier...

    La croissance n'est pas une solution à la crise, elle est le problème !

           Alors que faire, quoi penser, vers où aller pour passer de ce constat, réel et dramatique, à un chemin d'espérance qui s'ouvrirait vers une société qui serait respectueuse des êtres humains et de la nature ? Car le pire serait de s'installer dans la fatalité...
    Pierre RABHI, dont j'ai récemment découvert les écrits, semble proposer une alternative courageuse autant que réaliste. Il pose 2 questions fondamentales :

  • " Comment se fait-il que l'humanité, en dépit des ressources planétaires suffisantes et de ses prouesses technologiques sans précédent, ne parvienne pas à faire en sorte que chaque être humain puisse se nourrir, se vêtir, s'abriter, se soigner et développer les potentialités nécessaires à son accomplissement ? "

  • "Comment se fait-il que nous n'ayons pas pris conscience de la valeur inestimable de notre petite planète, seul oasis de vie au sein d'un désert sidéral infini, et que nous ne cessions de la piller, de la polluer, de la détruire aveuglément au lieu d'en prendre soin et d'y construire la paix et la concorde entre les peuples ? "

           Face à ce questionnement, Pierre RABHI répond...par ses actes !
    En 1960, il quitte la capitale et s'installe en Ardèche où il décide, avec sa femme, de vivre de son travail de la terre en suivant un principe : le respect de la nature. Il découvre les principes de l’agriculture biologique et écologique (nous sommes en 1960 ! ), il les applique avec succès sur la terre aride et rocailleuse de sa ferme, dans les domaines de l’agriculture et de l’élevage.
    En 1978, il est chargé de formation à l'agroécologie par le CEFRA (Centre d'études et de formation rurales appliquées) et, à partir de 1981, il met en place plusieurs programmes de formation en France, en Europe et en Afrique.
    Invité au Burkina Faso où les paysans souffrent d'un marasme écologique (sécheresses répétitives) et économique (cherté des engrais et pesticides), Pierre Rabhi développe sa première action agroécologique et crée, en 1985, un premier Centre africain de Formation à l’Agroécologie de Gorom-Gorom, avec l'appui de l'association "Le Point-Mulhouse".
    En 1988, Pierre Rabhi est reconnu comme expert international pour la sécurité alimentaire et la lutte contre la désertification. Il met en place, ensuite, un certain nombre de programmes et d'actions, en France et à l'étranger, intervient dans le cadre de l'élaboration de la Convention de lutte contre la désertification (CCD) et est appelé à formuler des propositions concrètes pour son application.
    En 2002, il se lance dans une campagne électorale "non conventionnelle" en proposant de replacer l'Homme et la Nature au cœur de la logique. Sa campagne a donné naissance à plus de 80 comités départementaux de soutien : les colibris. Il crée aussi plusieurs mouvements, centres, écoles et écrit un certain nombre de livres.
    En 2006, il lance Colibris, mouvement pour la Terre et l’Humanisme dont la mission est d'inspirer, relier et soutenir ceux qui veulent construire une société écologique et humaine.

           Face au " fleuve en crue qu'est devenue la société d'aujourd'hui" comme il le dit, à " ce “toujours plus” qui renforce l’indigence de l’âme et du cœur au profit de la matière morte", il chante " un magnifique chantier qui s'offre à l'imagination des bâtisseurs du futur" : rompre avec cette idéologie de la croissance pour se diriger vers une société plus humaine où vivre sobrement, favoriser une vraie convivialité dégagée de l'accumulation des marchandises nous rendra plus responsables et plus respectueux des autres, des animaux et de la nature.
    Mais il annonce la couleur : " il n'y aura pas de changement de société sans changement des individus qui la composent". Et d'illustrer ce propos par une légende qui lui tient à cœur :

           Un jour, dit la légende, il y eut un immense incendie de forêt. Tous les animaux terrifiés, atterrés, observaient impuissants le désastre. Seul le petit colibri s’activait, allant chercher quelques gouttes avec son bec pour les jeter sur le feu. Après un moment, le tatou, agacé par cette agitation dérisoire, lui dit : « Colibri ! Tu n’es pas fou ? Ce n’est pas avec ces gouttes d’eau que tu vas éteindre le feu ! »

           Et le colibri lui répondit : « Je le sais, mais je fais ma part. »

           Écoutons Pierre RABHI lancer son cri d'espérance :
    " L'humanité a désormais autre chose à faire que de s'échouer sur les récifs de ses propres aberrations. L'heure du bonheur dans l'élégance de la modération et de la sobriété a sonné. Et, encore une fois, nous n'avons heureusement pas d'autre choix ! "



           Comment faire comprendre que la croissance indéfinie est totalement incompatible avec une réalité limitée telle que la sphère terrestre ?
    Comment faire comprendre que la croissance a généré plus d’inégalités que d’équités ?
    Comment faire comprendre que cette croissance indéfinie implique une stimulation permanente de l’avidité humaine ?

           Force est de constater qu’en dépit de la croissance, nous n’avons pas résolu le problème de la faim, et que le superflu des uns s’impose aux dépens de l’indispensable des autres. Je ne crains pas de le dire : la décroissance, c’est la lucidité.
    C’est comprendre que notre système est incompatible avec les limites de notre planète.

           Oui, l’urgence absolue, c’est d’arrêter de nous entretuer et de tuer la terre qui nous nourrit. Que fait l’humanité aujourd’hui ? Elle tue sa maman.

    Pierre RABHI


    Pour mieux connaître la pensée de Pierre RABHI       citations

  • Il n'y a rien de plus puissant qu'une idée dont le temps est venu. (Victor Hugo)




    La mer, une solution pour une mutation annoncée et incontournable ?

           Pour faire suite aux articles concernant la nécessaire mutation de notre mode de vie, en particulier sur le plan de l'énergie puisque nous nous acheminons, qu'on le veuille ou non, vers la fin de "la civilisation pétrole" (lire, en particulier, sortie de crise : un chemin possible ! ), voici une autre parole d'espérance, celle d'un spécialiste de la mer.
           Christian BUCHET est membre de l'Académie marine, directeur du Centre d'études de la mer de l'Institut catholique de Paris, directeur scientifique du projet Océanides qui rassemble plus de 300 chercheurs spécialistes de la mer.
    Il a été secrétaire général du Comité national de suivi du Grenelle de la mer en 2009.
    Son dernier ouvrage, en collaboration avec Philip Plisson, s'intitule "la Mer, avenir de la Terre" (édition La Martinière)

           "Culturellement et historiquement, la France n'est pas un pays tourné vers la mer. On ne parle de la mer, en France, qu'à travers les marées noires, la piraterie ou le tourisme. La mer est davantage conçue comme une barrière que comme un moyen d'échange, une voie de communication.
    Or tous les grands pays ont une politique maritime que ce soit les États-Unis ou la Chine. Plus de 16% du PIB de la Chine est dû à ses activités maritimes, alors qu'en France, ce n'est que 2,4%. Si on lançait une politique de la mer, cela pourrait créer 180 000 emplois en cinq ans ! "


           De ce point de vue, il est éminemment dommage que les politiques n'aient pas mis en œuvre les 327 propositions, fruit des travaux du Comité national de suivi du Grenelle de la mer de 2009.

           "Tous les chercheurs qui travaillaient sur ce sujet sont arrivés à la conclusion que la quasi-totalité des solutions pour un avenir durable et même désirable, émaneront du milieu marin. Mais l'élan est retombé. Le problème c'est qu'il y a peu d'électeurs en mer, à moins de donner le droit de vote aux poissons..."

           Depuis 1982 existe une bande de 372 km le long du littoral de tous les pays ayant des côtes en bordure de mer, bande appelée Zones Économiques Exclusives (ZEE) et la France, grâce à ses Dom-Com, possède ainsi 11 millions de km² de ZEE ce qui fait de notre pays la deuxième puissance maritime au monde, tout juste derrière les États-Unis !
    Et cette puissance est, avant tout, une puissance (potentielle) énergétique, vous avez bien lu !

           "Du point de vue énergétique, on peut compter les éoliennes offshores flottantes, mais aussi les hydroliennes, qui sont sous l'eau et qui ne gênent pas la navigation. Les industries françaises sont en pointe sur le sujet. Il existe également l'énergie houlomotrice, créée grâce à la houle et l'énergie thermique de la mer.

           En terme d'impact, les résultats peuvent être très importants. Par exemple, les éoliennes plantées au large de l'estuaire de la Tamise et égrenées sur 232 km², produisent l'équivalent du quart de la consommation électrique de Londres. Et ce n'est qu'un début : selon le gouvernement britannique, d'ici à 2020, les éoliennes offshores installées au large de l'Angleterre devraient fournir 18 000 mégawatts, ce qui correspond à la production de 11 EPR ! (EPR : réacteur nucléaire de troisième génération)
    Quant à la France, le Grenelle de la mer a fixé comme objectif de produire 6 000 mégawatts grâce aux éoliennes offshores, d'ici à 2020, ce qui permettrait de créer 37 000 emplois. À cette date, l'éolien offshore pourrait produire 12% de l'électricité mondiale.
    Ce n'est pas un gadget, c'est une vraie révolution !"


           On le voit, les solutions de transition pour sortir du "tout pétrole" existent. Ce qui manque, c'est une volonté politique capable de contrer les lobbies des énergies fossiles lesquels nous enferment un peu plus chaque jour dans une logique de suicide planétaire au nom du profit et du confort immédiat. Ce qui manque peut-être davantage encore, c'est une vision d'avenir incarnée par des politiques courageux capables d'extirper notre monde de la vision "à courte vue" qui régente nos économies et nos sociétés actuelles...
    Ce qui manque surtout, c'est une espérance au cœur de l'homme !





    Les lendemains qui chantent

    Nous y voilà, nous y sommes.
    Depuis cinquante ans que cette tourmente menace dans les hauts-fourneaux de l'incurie de l'humanité, nous y sommes.
    Dans le mur, au bord du gouffre, comme seul l'homme sait le faire avec brio, qui ne perçoit la réalité que lorsqu'elle lui fait mal.
    Telle notre bonne vieille cigale à qui nous prêtons nos qualités d'insouciance, nous avons chanté, dansé. Quand je dis « nous », entendons un quart de l'humanité, tandis que le reste était à la peine.
    Nous avons construit la vie meilleure, nous avons jeté nos pesticides à l'eau, nos fumées dans l'air, nous avons conduit trois voitures, nous avons vidé les mines, nous avons mangé des fraises du bout monde, nous avons voyagé en tous sens, nous avons éclairé les nuits, nous avons chaussé des tennis qui clignotent quand on marche, nous avons grossi, nous avons mouillé le désert, acidifié la pluie, créé des clones, franchement on peut dire qu'on s'est bien amusé.
    On a réussi des trucs carrément épatants, très difficiles, comme faire fondre la banquise, glisser des bestioles génétiquement modifiées sous la terre, déplacer le Gulf Stream, détruire un tiers des espèces vivantes, faire péter l'atome, enfoncer des déchets radioactifs dans le sol, ni vu ni connu. Franchement on s'est marré. Franchement on a bien profité.
    Et on aimerait bien continuer, tant il va de soi qu'il est plus rigolo de sauter dans un avion avec des tennis lumineuses que de biner des pommes de terre.
    Certes.
    Mais nous y sommes.
    À la Troisième Révolution.
    Qui a ceci de très différent des deux premières (la Révolution néolithique et la Révolution industrielle, pour mémoire) qu'on ne l'a pas choisie.
    « On est obligé de la faire, la Troisième Révolution ? » demanderont quelques esprits réticents et chagrins.
    Oui.
    On n'a pas le choix, elle a déjà commencé, elle ne nous a pas demandé notre avis. C'est la mère Nature qui l'a décidé, après nous avoir aimablement laissés jouer avec elle depuis des décennies. La mère Nature, épuisée, souillée, exsangue, nous ferme les robinets. De pétrole, de gaz, d'uranium, d'air, d'eau. Son ultimatum est clair et sans pitié : Sauvez-moi, ou crevez avec moi (à l'exception des fourmis et des araignées qui nous survivront, car très résistantes, et d'ailleurs peu portées sur la danse).
    Sauvez-moi ou crevez avec moi.

    Évidemment, dit comme ça, on comprend qu'on n'a pas le choix, on s'exécute illico et, même, si on a le temps, on s'excuse, affolés et honteux.
    D'aucuns, un brin rêveurs, tentent d'obtenir un délai, de s'amuser encore avec la croissance.
    Peine perdue.
    Il y a du boulot, plus que l'humanité n'en eut jamais.
    Nettoyer le ciel, laver l'eau, décrasser la terre, abandonner sa voiture, figer le nucléaire, ramasser les ours blancs, éteindre en partant, veiller à la paix, contenir l'avidité, trouver des fraises à côté de chez soi, ne pas sortir la nuit pour les cueillir toutes, en laisser au voisin, relancer la marine à voile, laisser le charbon là où il est, – attention, ne nous laissons pas tenter, laissons ce charbon tranquille –, récupérer le crottin, pisser dans les champs (pour le phosphore, on n'en a plus, on a tout pris dans les mines, on s'est quand même bien marré). S'efforcer.
    Réfléchir, même.
    Et, sans vouloir offenser avec un terme tombé en désuétude, être solidaire.
    Avec le voisin, avec l'Europe, avec le monde.
    Colossal programme que celui de la Troisième Révolution.
    Pas d'échappatoire, allons-y.
    Encore qu'il faut noter que récupérer du crottin, et tous ceux qui l'ont fait le savent, est une activité foncièrement satisfaisante. Qui n'empêche en rien de danser le soir venu, ce n'est pas incompatible.
    A condition que la paix soit là, à condition que nous contenions le retour de la barbarie –une autre des grandes spécialités de l'homme, sa plus aboutie peut-être –.
    À ce prix, nous réussirons la Troisième révolution.
    À ce prix nous danserons, autrement sans doute, mais nous danserons encore.

    Fred Vargas                     
    Archéologue et écrivain                     




    Mondialisation, un humain en mutation...
    Quelques repères :

    Jusqu'en 1820 environ, et ce, pendant près de 2000 ans, la Chine et l'Inde sont les deux puissances du monde.
    Depuis le XIXème siècle, l'Europe suivie de l'Amérique du nord vivent un décollage au niveau mondial.
    Depuis l'an 2000, nous ne vivons plus sur 192 bateaux différents mais sur 192 cabines d'un unique bateau, tel un village global de consommateurs, téléspectateurs, Internautes...

                     À l'ancien paradigme dirigisme, contrôle, concurrence
                     tend à se subtituer un nouveau paradigme : collaboration, coopération, coexistence.

    De la réussite du passage entre ces deux paradigmes dépend...notre survie !
    "Un autre monde est possible, mais il est dans celui-ci." (Paul Éluard)

    D'après le film de Hubert VEDRINE         
    "Un monde dans tous ses états"         




    Pour une entreprise sociale...

    Pour sortir de l'impasse économique, sociale et environnementale, l'entreprise doit se réinventer. "En associant la promotion de nos savoir-faire à des valeurs de solidarité, de respect de l'homme et de l'environnement" explique Malo Bouëssel du Bourg, directeur de l'association "Produit en Bretagne" qui regroupe 300 patrons bretons. Il s'achève le temps où seul compte le profit des actionnaires. Désormais, l'entreprise se conçoit comme implantée dans un environnement, en relation avec la société. "L'entreprise ne peut plus être une simple machine à fric."

    Les grands experts du management se sont emparés du sujet et l'on formalisé sous le nom de Responsabilité Sociale et Environnementale (RSE). Le RSE est, en quelque sorte, le développement durable appliqué à l'entreprise. L'enjeu est, ni plus ni moins, "d'assurer une pérennité de la planète. Si nous continuons à détruire l'écosystème et la cohésion sociale, nous courons à notre perte", rappelle Michel Capron, professeur émérite des universités, auteur de "la Responsabilité sociale d'entreprise" (La Découverte). Et de rajouter : "La RSE pourrait aussi conduire à l'émergence d'un nouveau modèle qui ne donnerait plus la primauté à l'actionnaire et qui intègrerait les acteurs extérieurs de la société civile : consommateurs, fournisseurs, organisations de la société civile, dans son fonctionnement." Il s'agit donc d'abord d'une question politique et citoyenne.

    C'est ainsi qu'un nouveau concept d'entreprise, l'entreprise sociale, est en train de naître de notre crise, sous nos yeux.
    Le sociologue François Bottolier-Depois, coauteur de "l'entreprise du XXIème siècle sera sociale (ou ne sera pas)", paru chez l'éditeur Rue de l'Échiquier, en donne cette approche : "Une organisation productive privée dont l'objet est d'atteindre un impact social, sociétal et environnemental positif, dans le cadre d'une lucrativité limitée."

    "L'entreprise sociale est une réponse efficace aux dysfonctionnements de l'économie de marché [...] et un moyen de palier les défaillances de l'État-providence."
    Elle refuse la recherche de profit pur et simple sans pour autant nier l'impératif de rentabilité. Et pourrait être, à ce titre, un exemple à suivre pour l'ensemble des acteurs économiques.

    Utopique ? Bien au contraire.
    "Ce modèle n'est pas compliqué à généraliser et aurait rapidement des répercussions positives, estime le sociologue.
    Il suffirait de créer un statut de l'entreprise sociale, de faire en sorte que les entreprises puissent bénéficier en priorité des avantages fiscaux et des marchés publics, de former des analystes financiers spécialisés dans l'entreprenariat social...
    On aurait alors une solution pragmatique à la crise."


    Un capitalisme à visage plus humain et surtout, une piste d'espérance pour le monde de demain.

    Article rédigé à partir de celui de Christine Monin         
    paru dans le journal "La Vie" du 23 août 2012         




    Sortie de crise : un chemin possible !
    Nous nous trouvons à l'orée d'une troisième révolution industrielle¹, sans même nous en rendre bien compte. Le sujet est nouveau : on n'en parle pas beaucoup dans les médias. Il demande quelques explications.

    État des lieux
           Nous arrivons au terme des années-pétrole, que nous le voulions ou non.
    Bien sûr, on va encore forer plus loin, plus profond, découvrir peut-être d'autres super-gisements mais à quel prix ?
    C'est une sorte de pillage des ressources énergétiques fossiles, qui ne laissera pas grand chose à nos petits enfants... Cette course, que l'on pourrait considérer comme immorale vis à vis des générations futures, a une fin, et nous y voilà.
           Car ne nous leurrons pas, et on ne le sait pas assez : la crise que nous connaissons depuis 2008 n'est pas une crise financière mais une crise énergétique et n'a pas démarré en août 2008 mais un mois plus tôt !
    Fin 1973, premier choc pétrolier : le baril de pétrole passe de 3$ à plus de 11$... En 2000, il tournait autour de 24$ et brusquement, après avoir passé, en 2007, la barre des 70$, en juillet 2008, le baril de pétrole avoisine les 150$.
    Or, dans notre économie mondiale, la quasi-totalité de l'activité dépend du pétrole et des autres énergies fossiles. L'économie mondiale s'est alors tout simplement arrêtée ! La crise financière n'a été qu'une conséquence de ce grippage de l'économie mondiale.
           Ce qui s'est passé en juillet 2008, c'est ce que Jérémy RIFKIN ² appelle un "pic de la mondialisation".
    "Une grande partie du monde ne le sait pas encore, mais il est clair que nous avons atteint les dernières limites des possibilités de poursuivre la croissance mondiale dans le cadre d'un système économique profondément dépendant du pétrole et des autres énergies fossiles." Et de poursuivre : "Nous vivons actuellement, à mon sens, la fin de partie de la deuxième révolution industrielle et de l'âge du pétrole qui est son fondement."
           Tout ceci n'est guère réjouissant, surtout quand on ajoute à cet état des lieux de l'économie mondiale, le tragique réchauffement climatique. Elles sont nombreuses les voix qui prédisent l'extinction de l'humanité. Cette prédiction funeste est dans la logique des choses, mais est-elle pour autant inéluctable ? Rappelons-nous cette parole d'Élie WISEL : "Puisqu'il est donné à l'homme d'agir sur l'évènement, comment faire pour qu'il le dirige vers le soleil plutôt que vers le gouffre ? "
           Jérémy RIFKIN propose une autre vision, une vision de sortie de l'impasse où se trouve l'humanité, une vision réaliste, globale, construite, un cap vers une ère post-carbone durable à l'orée du milieu du siècle, un espoir de pouvoir peut-être conjurer ainsi la catastrophe climatique. Cet économiste semble avoir été entendu par L'Union européenne : en mai 2007, le Parlement européen a voté une déclaration écrite officielle où il reprenait à son compte l'idée de troisième révolution industrielle pour en faire la vision économique à long terme et la feuille de route de l'Union.
    De quoi s'agit-il exactement ?

    Vous avez dit révolution industrielle ?
           Selon Jérémy RIFKIN, il existe un lien étroit entre système de communication et source d'énergie. L'économie ne serait, ni plus ni moins, que la conjonction de ces deux éléments. Il y eut ainsi deux révolutions industrielles qui, chacune, a généré leur propre système économique adapté :

  • L'introduction de la machine à vapeur dans l'imprimerie a fait de celle-ci le principal moyen de communication qui a permis de gérer la première révolution industrielle. La presse à cylindre actionnée à la vapeur, puis la rotative ont considérablement accru la vitesse d'impression et réduit les coûts. Pour la première fois dans l'histoire, l'alphabétisation de masse, avec l'avènement de l'école publique entre 1830 et 1890, a créé une main-d'œuvre alphabétisée, habituée à l'imprimé, qui a pu organiser les opérations complexes d'une économie du rail et de l'usine alimentée au charbon et propulsée à la vapeur.

  • Au début du XXème siècle, la communication électrique a convergé avec le moteur à combustion interne fonctionnant à l'essence pour engendrer la seconde révolution industrielle. L'électrification des usines a inauguré l'ère des biens produits en série, dont le plus important a été l'automobile. Industrie du pétrole, routes nationales et autoroutes, lignes téléphoniques, zones résidentielles en banlieue parfois éloignées du lieu de travail, radio puis télévision, tout cela a modelé la vie sociale et créé un réseau de communications capable de gérer les activités géographiques dispersées de l'âge du pétrole et de l'automobile.
    À noter que ce modèle social est établi sur un système d'autorité vertical qui en constitue une des caractéristiques principales.

  • Nous sommes aujourd'hui à la veille d'une nouvelle convergence entre technologie des communications et régime énergétique. La jonction entre la communication par Internet et des énergies renouvelables engendre une troisième révolution industrielle. Au XXIème siècle, des millions d'êtres humains vont produire leur propre énergie verte dans leurs maisons, leurs bureaux, leurs usines et la partager entre eux sur des réseaux intelligents d'électricité distribuée, exactement comme ils créent aujourd'hui leur propre information et la partagent sur Internet.

    Les conditions de la réussite...
           Tout ceci a l'air trop beau, me diront certains. C'est du rêve me diront d'autres...
    À ceux-là je répondrais deux choses : d'abord, il ne semble pas y avoir d'autre alternative devant l'échéance, fatale pour notre humanité, de l'épuisement de nos ressources et du dérèglement climatique, ensuite, cette troisième révolution industrielle, comme l'appelle RIFKIN, est déjà une réalité naissante ici ou là dans le monde et en particulier en Europe. Si elle n'émerge pas à vue, c'est qu'elle nécessite un changement radical de vision du monde et de la société, où la propriété cèdera la place à l'usage, où l'autorité ne sera plus verticale mais distribuée et latérale, où la vision politique divisée entre capitalisme et socialisme cèdera la place à un clivage entre centralisé et autoritaire et distribué et coopératif, pour ne prendre que quelques caractéristiques de ce qu'il faut bien appeler : un changement de mentalité en profondeur.
    Voilà pourquoi il est, encore aujourd'hui, si difficile de percevoir ce qui, pourtant, est en marche - et heureusement -
           Pour réussir ce passage, RIFKIN a repéré cinq conditions qui devront être mis en œuvre simultanément.
    Il les appelle les cinq piliers de la troisième révolution industrielle.

  • Le passage aux énergies renouvelables : le passage à 20% d'énergie renouvelable en 2020 est devenu un objectif de référence pour l'Union européenne. Il s'agit, essentiellement, de récupérer l'énergie du soleil, celui du vent, de la géothermie et des marées...

  • La transformation du parc immobilier en un ensemble de microcentrales énergétiques qui collectent sur site des énergies renouvelables. Quand on sait qu'une heure de lumière solaire serait suffisant pour faire tourner l'économie mondiale pendant...un an ! , et que le photovoltaïque pourrait couvrir, à lui seul, 40% de la consommation européenne, on peut entrevoir qu'il s'agit bien d'un possible et non d'un rêve... Après un siècle de domination des grandes compagnies du pétrole, du gaz et de l'atome sur l'économie, sans parler de leur influence sur la politique des États et la géopolitique des relations internationales, voici que l'on propose un nouveau plan qui va démocratiser la production et la distribution de l'énergie en créant des millions de mini-entrepreneurs énergétiques.

  • Le déploiement de la technologie de l'hydrogène et d'autres techniques de stockage de l'énergie électrique. La technologie existe, grâce à la recherche spatiale en particulier. Elle a besoin d'être adaptée à l'usage domestique. En 2003, le président PRODI annonce que la Commission européenne lance une initiative de recherche de 2 milliards d'euros pour préparer l'Europe à une économie de l'hydrogène. Et en 2006, Angéla MERKEL lance sa propre initiative de recherche-développement sur l'hydrogène. La clé d'un avenir durable est peut-être dans la mise au point d'une technologie de stockage de l'électricité, fiable et rentable.

  • L'utilisation de la technologie d'Internet pour transformer le réseau électrique en inter-réseau de partage de l'énergie : numériser le réseau électrique et le rendre intelligent, voilà un défi pour EDF (pour ne citer que lui) dans les toutes prochaines années... Ce réseau énergétique intelligent englobera pratiquement tous les aspects de la vie. Logements, bureaux, usines et véhicules vont communiquer entre eux en permanence et la question, depuis 2008, est à l'ordre du jour des stratégies de nombreuses grandes entreprises de l'énergie.

  • La généralisation des véhicules branchables ou à pile à combustion dont on prépare actuellement la commercialisation. Les premiers véhicules branchables et à pile à combustible sont sortis des chaînes de montage en 2011... La sortie en nombre de ces véhiculent pourrait advenir dès 2013. Les stations de charge ont commencé à être vendues et installées ici ou là mais leur prix est encore très élevé (autour de 4000€). En 2030, les bornes de recharges devraient être omniprésentes et en 2040, on estime que 40% des km parcourus par les véhicules légers le seront électriquement...

    Notre avenir est donc possible.
           Ces quelques pierres sur ce chemin d'aventure de notre humanité en marche en sont l'illustration. Ce possible est de nature à faire contrepoids à "la déprim' ambiante", très française, qui se plaint de tout et dont l'horizon s'arrête souvent au temps qu'il fera demain...
    J'ai, pour ma part, puisé dans ces idées un réel motif d'espérance. Et l'on sait que l'espérance est source de joie.
    Mais je ne vous ai pas encore tout dit !
    Car, au-delà de cet à-venir possible et qui se dévoile, restent un enjeu et une incertitude.
           L'enjeu est ce changement d'état d'esprit, sous-jacent à ce vers quoi nous allons. C'est un véritable changement de mentalité qui s'annonce à l'horizon 2050. Avec Internet, nos petits-enfants y sont quelque peu préparés mais pour nous, quelle conversion !
           L'incertitude concerne notre liberté, j'entends par liberté, notre capacité de libre-choix qui peut nous faire choisir de conduire nos pas "vers le soleil", mais aussi "vers le gouffre"...
    Et là, rien n'est joué...

    ¹ Ce concept de troisième révolution industrielle est développé par Jérémy RIFKIN         
    dans un livre que je vous recommande et qui en porte le titre (édition LLL).         

    ² Jérémy RIFKIN est un économiste américain, conseiller auprès de l'Union européenne         
    et auprès de plusieurs chefs d'État du monde entier.         

    J'ai écrit cet article, ainsi que celui qui suit, à partir du livre de Jérémy RIFKIN "La troisième révolution industrielle"
    dont j'ai tiré les détails techniques et cité un certain nombre d'expressions...




  • Changement des mentalités à l'horizon 2050,
                                          un enjeu pour la planète, un défi pour l'homme !

           C'est le seul défi, peut-être, qui vaille, car de notre capacité à le relever, dépendra...la survie de notre civilisation, voire de l'humanité !
    Des signes de ce changement qui s'annonce, il y en a ; je voudrais, ici, en croquer quelques-uns...

           Parlons d'abord d'Internet qui a changé la règle du jeu du commerce en connectant des millions d'acheteurs avec des milliers de vendeurs dans un espace virtuel pratiquement gratuit, remplaçant l'ensemble des intermédiaires, des grossistes aux détaillants, par un réseau distribué de millions de personnes et en éliminant les coûts de transaction (à l'exception des frais d'expédition), coûts s'additionnant à toutes les étapes de la chaîne de l'offre. Il ne s'agit pas seulement de vitrines mises en ligne, ce qui constitue le premier pas en ce domaine et souvent le seul que l'on perçoive derrière nos écrans occidentaux : de plus en plus de sites marchands proposent une personnalisation des relations entre le vendeur et l'acheteur, en particulier dans l'artisanat. En marge de la vente commerciale elle-même, se développe une interaction entre vendeurs et acheteurs, un échange d'idées et, au final, un lien social potentiel. C'est là le chamboulement induit par ce nouveau mode de commerce : un développement latéral, et non plus uniquement vertical, opérant sur un mode coopératif, et non plus hiérarchique.
    Un mouvement hésitant, sous nos latitudes, mais qui n'attend qu'une volonté politique pour vivre, chez nous, son essor...

           Parlons des banques, ces "états dans l'état" qui font la pluie et le beau temps dans le domaine financier...
    Dans les première et deuxième révolutions industrielles, l'extraction, le traitement et la distribution des énergies fossiles coûtaient si cher que seule une poignée de gros acteurs centralisés pouvait réunir le capital financier nécessaire pour gérer le flux énergétique. Les géants du pétrole avaient besoin des géants de la finance.
    Aujourd'hui déjà, des banques spécialisées dans la micro finance prêtent des dizaines de milliers de dollars à des centaines de milliers d'emprunteurs dans les régions les plus pauvres du monde. Le micro crédit sert de plus en plus à financer la production locale d'énergie verte dans des endroits qui, jusque là, n'avaient jamais eu d'électricité. Près de 20 000 systèmes solaires domestiques sont installés chaque mois dans ces régions. Qui le sait ? Qui le dit ?
    Les journaux télévisés de nos pays riches préfèrent, et de loin, mettre leurs projecteurs sur tel ou tel fait divers, telle ou telle lutte politique intestine, tels ou tels débats qui n'en sont pas, préférant nous distraire plutôt qu'à nous éclairer de ce qui, pourtant, sera le demain de notre aujourd'hui. Il faut dire que les lobbies du monde de l'énergie, avec celui de la finance et de la politique, ont tout intérêt à ce que notre mode de civilisation n'évolue pas dans un sens distributif et coopératif, ce qui, pourtant, me semble inéluctable.
    "Les gens sont naturellement généreux, et ils vont aider les autres si on leur donne la possibilité de le faire de façon transparente et responsable." Il s'agit de développer, non des relations de bienfaisance, mais des relations de partenariat : ainsi, les prêteurs choisissent la demande qu'ils souhaitent aider à financer et le montant de la somme qu'ils prêteront, parfois quelques dizaines d'euros seulement. Ce faisant, ils s'associent à d'autres pour financer en totalité le montant d'un prêt. Modèle innovant de crédit réellement distribué et qui a fait ses preuves : telle banque spécialisée dans ce type de crédit a mis en contact plus d'un demi million de prêteurs de plus de 200 pays et plus de 460 000 petits entrepreneurs de près de 60 pays, leur prêtant près de 180 millions de dollars dont plus de 80% sont allés à des femmes. le taux des remboursements ayant atteint 98,9% de ces sommes... (voir le site de Kiva, à traduire en français -clic droit sur la page-)
    Quand les politiques de notre vieille Europe prendront-ils le train en marche ?........

           De la propriété à l'usage, j'en ai déjà dit deux mots dans un article précédent...
    Dans le domaine de l'automobile, par exemple, il s'agirait de faire rouler des millions de voitures en les intégrant à une vaste flotte de véhicules partagés auxquels d'autres pourraient avoir accès. Cela permettrait à leurs propriétaires d'en tirer un certain revenu et assurerait à d'autres un accès facile à la mobilité. Bien sûr, les compagnies d'assurances devront assurer les personnes et non les voitures comme c'est le cas actuellement.
    La jeune génération commence à partager autre chose que des voitures : voyages avec des hôtes locaux qui accueillent chez eux et fournissent gratuitement le gîte et le couvert, à charge de revanche. On les appelle les couch surfers. Ils sont plus d'un million dans 69 000 villes du monde entier... Là encore les contacts, avant et après, ouvrent la porte à ces communaux sociaux distribués et coopératifs qui amènent des personnes de cultures différentes à partager leur vie. Il s'agit de contribuer à "unir les gens par une communauté honnête et empathique" (voir le site couchsurfing, toujours à traduire en français)...

           Investissement remboursé sur...l'économie réalisée ! C'est ce que Philips Lighting a proposé aux collectivités : une ville passe contrat avec Philips qui installe une nouvelle génération de diodes électroluminescentes, très économes en énergie, dans l'ensemble de l'éclairage public et extérieur. La banque de Philips finance le projet et la ville rembourse Philips sur les économies d'énergie réalisées. Si la compagnie ne réussit pas à faire advenir des économies, la perte est pour elle ! C'est un type de partenariat coopératif qui, de plus en plus, deviendra la norme dans une économie de troisième révolution industrielle.

           Entreprendre et coopérer ne paraît plus contradictoire, mais obligatoire pour réordonner la vie économique, sociale et politique du XXIème siècle.

           Un grand tournant de la pensée.
    Ces quelques exemples que je viens de décrire brièvement donnent une idée de ce vers quoi nous allons et qui va révolutionner notre vie dans les décennies prochaines. Mais ces changements de pratiques économiques ne pourront pas advenir sans un changement d'état d'esprit vis à vis de la propriété.
    À l'ère nouvelle, la notion de propriété, qui privilégiait l'acquisition des biens matériels sur des marchés et le droit d'exclure les autres de leur jouissance, cède la place à une conception tout à fait différente de la propriété : le droit de jouir d'un accès aux réseaux sociaux et de partager des expériences communes avec les autres. Nos idées sur la propriété sont si indissociables des notions traditionnelles de possession et d'exclusion qu'on a du mal à imaginer qu'il existait un droit de propriété plus ancien dont les gens ont joui pendant des siècles : le droit d'accéder à une propriété détenue en commun tel que : naviguer sur un fleuve, marcher sur un chemin de randonnée, se réunir sur la place publique par exemple.
    Cette idée plus ancienne de la propriété a été progressivement marginalisée à l'époque moderne et particulièrement sous l'égide de l'économie de marché dont le monde souffre actuellement.
    Mais le droit d'accès à Internet devient une puissante forme de propriété nouvelle dans un monde interconnecté et les valeurs de qualité de vie sont en ascension, notamment la recherche de l'inclusion avec des millions d'autres dans les communautés mondiales de l'espace virtuel.
    Répondant à la Chine, Hillary Clinton déclarait : "Les États Unis défendent un Internet unique où l'ensemble de l'humanité a un accès égal au savoir et aux idées"

           De la liberté et du bonheur
    Nous finissons par comprendre que la vraie liberté ne consiste pas à s'affranchir des autres pour devenir une île, mais à participer en profondeur à leur existence. Si la liberté d'un être est l'optimisation de sa vie, elle se mesure à la richesse et à la diversité de ses expériences et à la force de ses liens sociaux. Une vie solitaire est une vie moins vécue.
    La jeune génération est tout aussi portée à croire que, si le confort économique est essentiel, le bonheur est également proportionnel à l'accumulation d'un...capital social. Ainsi, la sacro-sainte croissance tant recherchée est peut-être à redéfinir : plus de croissance de quoi et pour quoi faire...
    Même la science est bouleversée par ce qui émerge en l'homme actuellement : l'ancienne science voit la nature comme un ensemble d'objets ; la nouvelle science la voit comme un ensemble de relations. L'ancienne science veut la nature productive ; la nouvelle science veut la rendre durable. L'ancienne science cherche le pouvoir sur la nature ; la nouvelle science, un partenariat avec la nature. L'ancienne science valorise l'autonomie par rapport à la nature ; la nouvelle science, la participation à la nature.

           Pour survivre et prospérer en tant qu'espèce, il nous faudra repenser nos concepts d'espace et de temps. La définition économique classique du premier -l'espace est un entrepôt de ressources passives- devra céder la place à une tout autre idée : l'espace est une communauté de relations actives. Cette émergence de l'homme du troisième millénaire porte un nom : l'émergence de notre conscience biosphérique.
    Et, dans notre jeu, nous avons, fort heureusement, un atout de taille : notre nature profonde ne fait pas de nous des êtres rationnels, détachés, avides d'acquérir, agressifs et narcissiques, comme l'ont suggéré tant de philosophes des Lumières, mais affectueux, très conviviaux, coopératifs et interdépendants. L'homo sapiens laisse la place à l'Homo empathicus. Civiliser, c'est étendre l'empathie¹. En matière d'éducation par exemple, c'est encourager l'élève à penser et non à exécuter.

           Dès lors, notre défi est simple -mais quel défi ! - : rétablir nos liens avec la nature, guérir la Terre et sauver notre espèce.
    Dans l'histoire, des civilisations ont vécu quelque chose d'analogue dont l'enjeu était de se transformer à temps ou de regarder venir la mort. Mais aujourd'hui, c'est la première fois dans l'histoire où l'effondrement d'une civilisation, la nôtre, toucherait l'humanité dans son ensemble. Ce qui diffère aujourd'hui, c'est la probabilité croissante d'un changement qualitatif de la température et de la chimie de la Terre, provoqué par le réchauffement de la planète : il pourrait donner le coup d'envoi d'une extinction massive d'espèces animales et végétales, et rendre ainsi très possible la disparition de la nôtre.
    Quand nous commencerons à penser en famille étendue mondiale, famille comprenant non seulement notre propre espèce mais tous nos compagnons de voyage dans cet habitat évolutionniste qu'est la Terre, nous deviendrons capables de sauver notre communauté biosphérique et de régénérer notre planète pour nos descendants.
    C'est pourquoi, ce sont les hommes et les femmes d'espérance qui sont notre avenir.
    Voulez-vous en être ?

    ¹ L'empathie pourrait se définir comme une cérébralisation de l'existence de l'autre.

    D'après le livre de Jérémy RIFKIN "La troisième révolution industrielle"




    À ceux et celles qui feront le XXIème siècle, nous disons avec notre affection :
    CRÉER, C'EST RÉSISTER.
    RÉSISTER, C'EST CRÉER.
    "

    Extraits de "Indignez-vous" de Stéphane Hessel aux éditions Indigène
    www.indigene-editions.fr






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